BÂTARDS

BÂTARDS est un spectacle inspiré de la documentation de ses propres répétitions.

C’est l’histoire d’un spectacle raté à cause d’une rupture.

Louise et Julien invitent les spectateur.ice.s à assister à leur séparation, comme ils les inviteraient leur mariage.

Louise devait écrire une fiction inspirée de leur histoire d’amour : la rencontre poétique et charnelle de deux randonneur.se.s sur le chemin de Compostelle, ils n’ont pas pu finir, par contre, entre eux, c’est fini.

On entre alors dans l’histoire des répétitions de ce spectacle avorté, dans l’histoire de leur rupture. L’écriture est en crise : crise du couple, crise politique, crise de croyance en la possibilité même d’écrire encore une belle fiction sur la rencontre d’un homme et d’une femme dans une société patriarcale.

Pendant les répétitions Louise rencontre Myriam, une jeune femme qui vit dans le  foyer de jeune travailleurs où ils répètent.

La rencontre amoureuse entre ces deux femmes ouvre la possibilité à une autre histoire de s’écrire, à la fable d’exister, au mythe de se construire. De leur rencontre naîtra un enfant, un.e adolescent.e né.é de deux femmes, au-delà du genre, un enfant fantastique qui porte la possibilité d’un nouveau monde, lavé des pleurs des anciennes générations.

LA GENÈSE

En décembre 2020 la Fabrique Mimont nous accueille en résidence dans un foyer pour jeunes travailleurs à Cannes pour commencer des recherches autour du deuxième projet de notre compagnie nommé plus tard Bâtards. Nous arrivons avec une idée : écrire un spectacle inspiré de notre histoire d’amour et documenté par des enregistrements de notre quotidien.

Pour ce spectacle nous avons travaillé comme à notre habitude à partir de documentation personnelle,  continué ainsi à engager notre intimité au plateau, mais cette fois, pour aller plus loin, nous avons ouvert ce procédé d’auto-documentation à tout notre environnement de travail. Nous avons documenté notre vie quotidienne de couple au foyer mais aussi, et c’était nouveau dans notre démarche, documenté nos répétitions, nos débats autour de l’écriture du spectacle, notre rencontre avec une jeune travailleuse du foyer pour un cours de « prise de parole », etc. Bâtards est né de la documentation, de la réflexion, autour d’un processus de création.

Comment s’invente une histoire ? Comment elle s’inspire de nous ? Comment on invente des versions de nous-mêmes ? Comment la fiction et la réalité s’entremêlent ? Est-ce qu’il faut faire une entrée ? Avec quels moyens nous répétons ? Avec quel manque de moyens nous répétons ? À côté de qui nous répétons ? Pourquoi nous répétons ? Quels sont les dispositifs sociaux et culturels en jeu ? Comment la réalité des conditions de création ébranle l’histoire rêvée ? 

À partir de toute cette matière, nous imaginons en riant, un spectacle entre réalité documentée et fiction fantastique où Jean-luc Mélenchon déçu, prend son sac et part marcher sur Compostelle. Peut-être que sur le chemin, il croise un couple de comédiens qui répète et invente un champ de tulipes comme décor de leur premier baiser, peut-être qu’il croise une jeune travailleuse qui trouve que ça serait mieux des vraies fleurs plutôt qu’une pelouse en plastique sur la moquette de l’auditorium du foyer pour jeunes travailleurs de Cannes, mais on a pas les sous, on cherche une co-production, on cherche à ce que tous les points de vue se croisent pour faire naître l’autre spectacle, celui d’en dessous. Sur le chemin on imagine la naissance d’un enfant. Un enfant conçu dans la fiction qui viendra déranger la réalité. On cherche.

Cela devait être un spectacle sur notre amour et finalement, c’est un spectacle sur un spectacle qui devait être un joli spectacle sur notre amour, mais…

« Nous croyons être des anges, nous ne sommes que des oiseaux »

Victor Hugo